Histoire de;; Mon Boutis la câline
« La câline »
J’ai gardé de ma jeunesse le souvenir d’une vieille femme de pécheur qui voguait le diman-he sur le pointu de son mari, dans les Calanques de Marseille, avec une câline sur la tête pour se protéger des ardeurs du soleil.
Je trouvais cela féminin et pratique par son exceptionnelle résistance aux vents. Quand souffle le Mistral…
Voilà de ça une vingtaine d’années, qu’à Mauguio, un groupe folklorique dirigé par Mme Castillo, défile en costume pour une des fêtes du 15 août.
Et que vois-je sur leurs têtes : des câlines ! Je reconnais les danseuseset demande à l’une d’elles, Jeanine Berthaud, si elle peut me faire passer le patron de sa coiffe. Sans problème.
Aussitôt dit, aussitôt fait, et depuis en tissus provençal de toutes tailles de toutes couleurs, à la de-mande, pour faire plaisir, je confectionne des coiffes, des câlines… Les amis, le village en profitent.
Il faut dire que le premier lundi de la fête, nous nous costumons tous pour la journée à l’ancienne. Pour porter sur les robes paysannes, je fais des tabliers en boutis.
Un jour je me suis dit, et pourquoi pas les coiffes assorties ?... Me voilà au travail pour ma fille, mes nièces, ma petite fille et ses poupées.
Par une costumière de Bordeaux en stage
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Magalas (Hérault) pour de la dentelle, j’apprends que beacoup de paysannes les portaient aux champs et ce depuis le XVIIIe et même peut-être avant. Cette dame cherchait justement un patron…
J’ai découvert par la suite que l’osier a été remplacé dans notre région par de la moelle de rotin grâce à la bambouseraie d’Anduze, que dans d’autres contrées les femmes "boutissaient à mort " la partie cerceau
. En effet, dans le Luberon lors de la première rencontre internationale de patchwork et d’art textile en vallée d’Aigues, en mai 2009, à l’exposition Amish et Mennonites, j’ai retrouvé des câlines que ces dames portaient sur des coiffes blanches comme chez nous, bouties non à titre décoratif car très dépouillées, mais pour assurer leur rigidité.
Depuis, j’exécute pour les enfants et les poupées les câlines avec les arceaux « boutis mort ».
Ainsi, plus de problème si elles sont malmenées et elles sont sans danger.
Chaque année, à la rencontre des dentellières (cette année le 15 mai), où je suis cordialement invitée, je me costume. J’y suis connue comme le loup blanc. J’y vais avec des patrons qui ont toujours autant de succès. Bien entendu, j’y vais pour le boutis et la frivolité (dentelle à la navette).
Tous mes remerciements vont à Hubert Valéri et Francine Born pour l’emprunt de certains de leurs dessins
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Un conseil, sachez qu’un croquet ou de la frivolité finissent bien un boutis et qu’un simple croquet, un crochet et du fil se transforment en dentelle. Essayez…
Mme Hélène Cavalière
Le fil blanc n°14 - Avril 2011